Le métier de producteur musical est source d’infinis fantasmes. Dans l’imaginaire collectif, le producteur est un individu qui en impose (grand bureau, gros cigares, immense réseau, revenus considérables !), influant, puissant et inaccessible… À tel point que la fonction, souvent méconnue du grand public, est considérée comme étant l’apanage de quelques initiés disposant des « connexions » indispensables. Que Néni ! Devenir producteur musical – comme tout métier – nécessite certaines compétences, connaissances et appétences, mais peut tout de même être accessible à tout un chacun. La preuve… Thierry, titulaire d’un bac pro secrétariat, œuvrait depuis deux décennies dans la fonction publique. Il rêvait d’intégrer l’univers musical, et il l’a fait ! Il nous raconte l’histoire de son étonnante reconversion professionnelle.

Thierry, hier tu étais secrétaire administratif et aujourd’hui tu produis des artistes. Quel virage !

Thierry : « C’est vrai ! Mais je ne renie rien de ma première vie professionnelle… Mon parcours en tant qu’employé administratif dans des collectivités locales (service admission en hôpital, état civil en mairie, etc.), m’a enrichi sur le plan personnel en m’apprenant à développer mon empathie et mon goût des autres ».

Passionné de musique, bien que « chanteur de salle de bain » !

Et, de fait, lorsque ce fou de musique décide de changer de voie, il exclut d’exploiter ses propres talents – se qualifiant lui-même de « chanteur de salle de bain » ! – mais entreprend tout naturellement de booster ceux des autres. Il se tourne alors vers la profession de producteur, un métier qui consiste à accompagner un artiste et à l’assister dans le développement de son projet musical.

Peux-tu nous décrire ton parcours de reconversion : le déclic, les différentes étapes …

Thierry : « J’avais ce projet enfoui dans un coin de ma tête depuis longtemps, mais je ne savais pas trop par quel bout le prendre. Le déclic s’est finalement produit à la faveur d’un petit gain financier réalisé après un placement dans les cryptomonnaies. Plutôt que de dilapider mon pécule en plaisirs éphémères, j’ai décidé de franchir le cap et de donner corps à mon rêve ! J’ai quitté mon emploi, et tapé à toutes les portes susceptibles de m’aider dans mon projet. J’ai notamment sollicité l’ACRE auprès de Pôle Emploi, afin de financer la création de mon entreprise. Je me suis associé avec deux amis : un ingénieur du son et un producteur déjà en activité. Ils ont également apporté une participation financière, ce qui nous a permis d’investir dans un studio et de créer notre label : Sigma Industry ».

Une formation « sur le terrain » et une main tendue par Universal

Véritablement passionné par son nouveau métier, Thierry se forme seul et apprend à gérer l’intégralité d’un projet musical… De la sélection des maquettes et des morceaux, à la recherche des moyens techniques et financiers, en passant par la réalisation des clips et des campagnes promotionnelles. Malgré l’arrivée de la crise sanitaire, les planètes s’alignent. La jeune société offre ses services à une « pépite du rap » qui vient de quitter son producteur dans un contexte conflictuel ; tandis que deux autres jeunes artistes prometteurs viennent aussi rejoindre la team. Aidé par le réseau « Frenche Cut Collectif », Thierry approche Universal, qui, conquis par les premiers profils recrutés, donne un accord de principe pour accorder une licence de distribution au jeune label, prenant ainsi le relais sur les financements des œuvres à venir…

L’aventure de Sigma Industry est dorénavant lancée… quel regard portes-tu sur l’Avenir ?

Thierry : « Un regard plein de confiance, d’enthousiasme et d’optimisme ! Nous avons continué à nous professionnaliser en nous entourant d’intervenants freelance : un directeur artistique, des professionnels de la communication, etc. D’ici à quelques semaines, nous allons mettre sur le marché le premier EP (un album de 7 titres) de KVM. Après avoir investi du temps et de l’argent, nous devrions commencer à récolter les fruits de notre travail. Nous sommes convaincus d’avoir entre les mains « les pépites artistiques de demain », et nous ne souhaitons pas réaliser des « one shots » ! Nous sommes vraiment soucieux d’inscrire nos artistes dans la durée. »

Vous aussi, cet univers vous attire, quel chemin suivre ?

Si Thierry a décidé de se lancer dans l’aventure en « self made man », sachez qu’il existe des voies plus académiques, ainsi que des parcours de formation pour devenir producteur musical. A savoir :

• Le BTS Audiovisuel option « Gestion de production »,
• La licence professionnelle « Droit, économie, gestion », mention techniques et activité de l’image et du son,
• La licence professionnelle « Techniques du son et de l’image », option gestion de la production audiovisuelle,
• Le MBA « Management de la production musicale et développement d’artiste »,
• Enfin, la formation proposée par l’Ecole Nationale Supérieure des métiers de l’image et du son (FEMIS), ouverte aux candidats titulaires à minima d’un Bac + 2.

Outre la fibre artistique et musicale, pour réussir dans ce métier, mieux vaut également être doté de compétences techniques, informatiques et commerciales. De l’entregent et un bon réseau relationnel ne sont pas non plus superflus !