Titulaire d’un doctorat en électrochimie moléculaire, Kader aurait pu avoir une carrière linéaire… Les secteurs de l’industrie, de la métallurgie, des cosmétiques et même de la recherche lui tendaient les bras. Mais, plutôt que de mener des expérimentations scientifiques, Abdelkader a décidé d’expérimenter mille métiers !
Entrepreneur insatiable et curieux de nature, il a eu de cesse de surprendre son entourage en passant allégrement d’une carrière à l’autre. Électricien, directeur financier d’une entreprise de travail temporaire, conducteur d’engins de chantiers… ce ne sont là que quelques-uns des métiers qu’Abdelkader a exercés !
Il est aujourd’hui « Maître » dans une école primaire, mais, déjà, il pense à sa prochaine reconversion. Bien dans ses baskets et la tête toujours remplie de projets, Abdelkader nous raconte son parcours aussi riche que singulier…
« Je suis le roi du grand écart ! »
Tu es titulaire d’un doctorat en chimie. Cela sous-entend plusieurs années d’études et de sacrifices. Pourquoi n’as-tu pas poursuivi dans cette voie ?
Abdelkader : « Une fois mon doctorat en poche, j’ai eu envie de poursuivre dans l’enseignement et la recherche, en devenant enseignant chercheur à l’université, ou chercheur au CNRS ou encore dans la police scientifique. Mais pour cela, le passage obligé, c’était les concours. Or, si le concours est supposé garantir justice et équité, c’est en réalité – à mon sens – un mode de sélection qui reproduit les inégalités, érigeant la compétition en vertu, alors même que trop peu de postes sont mis sur le marché… J’ai donc décidé de prendre mon destin en mains sans laisser de place au hasard, et de me tourner vers l’entrepreneuriat, et j’ai fondé un laboratoire d’analyses chimiques.
Lorsqu’en 2007 ; l’occasion s’est présentée de vendre mon affaire, j’ai pris cela comme un signe, et j’ai multiplié les expériences et les reconversions, au grès, de mes envies, des opportunités qui se présentaient à moi, et de l’évolution de notre situation géographique. J’ai ainsi été Directeur Administratif et Financier dans une entreprise de travail temporaire. J’ai ensuite créé une nouvelle entreprise ; dans la rénovation de bâtiments. J’ai été électricien ou encore conducteur d’engins, puis, j’ai eu envie de devenir enseignant. J’ai d’abord intégré un lycée, puis me suis dirigé vers le primaire. Cette année, j’accompagne 25 petites têtes blondes de CM1, pour mon plus grand bonheur, et le leur aussi, semble-t-il ! Ces changements de carrière n’ont jamais été contraints. Ils correspondaient à mon envie du moment, et à ma volonté de rester libre et épanoui dans tout ce que j’entreprends ».
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« Contractuel… Et heureux de l’être ! »
Le statut de contractuel, dans l’enseignement, fait toujours l’objet de grands débats… On lui reproche le manque de formation et de reconnaissance, sa précarité… Tu nous dis pourtant que ce statut te convient parfaitement. Peux-tu nous expliquer ton point de vue ?
Abdelkader : « Ainsi que vous l’avez compris, je tiens plus que tout à ma liberté. Or, devenir titularisé dans l’enseignement, c’est renoncer à sa liberté ! Pour rappel, l’enseignant contractuel est recruté en CDD pour une année scolaire ou moins, de manière reconductible, à temps plein ou partiel. Il y a donc une vraie souplesse dans le choix du temps que l’on souhaite consacrer à la mission. Les titulaires ont beaucoup plus de difficultés à adapter leur temps de travail. Je ne me sens pas non plus menacé par la précarité…
L’éducation nationale a tellement de besoins ; que mes CDD dont sans cesse reconduits ! En termes de rémunération, si le salaire de base du contractuel est inférieur à celui d’un titulaire, il dépend tout de même de ses diplômes. De ce point de vue, mon doctorat est précieux !
Par ailleurs, comme contractuels, nous percevons des primes semblables à celles que perçoivent nos collègues titulaires. Enfin, une réévaluation de notre rémunération a lieu au moins tous les 3 ans. In fine, l’écart de salaire avec les titulaires, pour ce qui me concerne, est quasiment inexistant ».
« Mes aventures professionnelles sont loin d’être terminées ! »
Au bout de six ans, deux possibilités se présentent à l’enseignant contractuel : soit, il se voit proposer un CDI, soit il opte pour la titularisation en passant un concours de l’enseignement… Quels sont tes projets ?
Abdelkader : « Rien de tout cela ! Encore une fois… Ma liberté d’entreprendre passe avant tout ! J’ai volontairement signé un CDD qui prendra fin, cette année, au 31 décembre. J’ai un nouveau projet de reconversion en tête, et je compte bien le déployer en 2023. Tout l’intérêt d’exercer comme contractuel, c’est que l’on prend le meilleur de l’enseignement, mais que l’on est libre d’aller voir ailleurs avant que ne s’installe la spirale de la frustration et du découragement dont souffrent beaucoup de salariés de l’Éducation Nationale.
Pour ma part, c’est la tête emplie de bons souvenirs, et parfaitement serein que je dirai adieu à mes élèves en fin d’année, avant de me lancer corps et âme dans ma nouvelle voie ! »