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Témoignage : Quand reconversion rime avec reconstruction après les attentats du 13 novembre 2015

Témoignage de la reconversion de Marie-France

Victime de l’un des attentats du 13 novembre 2015, Marie-France a vu sa trajectoire professionnelle stoppée nette. Barmaid en soirée, et assistante de production le jour dans une société évènementielle (chargée – entre autres – d’accompagner les artistes et d’organiser les concerts), elle est atteinte, après le drame, d’un syndrome de stress post-traumatique et est contrainte d’abandonner ces deux secteurs qu’elle aime pourtant par-dessus tout. Elle rebondira une première fois et entamera un long travail de reconstruction.

Sept ans plus tard, elle se sent prête à franchir un nouveau cap, et se lance dans une reconversion professionnelle. Cette courageuse jeune femme nous raconte son parcours sans pathos, simplement avec des mots remplis d’optimisme, qui traduisent ses nouvelles ambitions.

Il est temps pour nous de nous retrouver ensemble, unis, et d’avancer pour ne pas oublier

Cette maxime, que l’on peut lire sur un tableau noir affiché à l’entrée de « A La bonne bière », Marie France y adhère complètement. C’est le premier café, touché par les attentats du 13 novembre à avoir réouvert ; et à être ainsi revenu à la vie. C’est aussi l’endroit ou Marie-France a failli perdre la sienne. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas. Alors que les balles fusent autour d’elle et qu’elle voit deux personnes s’écrouler à ses côtés, elle est in extrémis mise à l’abri des tirs de kalachnikov. Marie-France a la vie sauve ; mais son quotidien bascule.

Très marquée psychologiquement, elle doit remettre en cause son plan de carrière. Travailler dans un bar devient inconcevable, tandis qu’elle peine aussi à pratiquer son métier de chargée de projet évènementiel. Un secteur qu’elle adore pourtant ; qui lui permet d’évoluer dans les univers de la mode du sport – pour le compte de marques de renommées majeures telles que Nike ou Courir – ou encore de la musique. Mais, le drame qu’elle a vécu la rend hypersensible aux bruits, aux lumières, à la foule ; et elle doit se résoudre à changer de voie. Qu’importe ! Marie-France est titulaire de deux diplômes : l’un dédié à la communication des entreprises, l’autre à l’édition (CNA-CEFAG Fonderie de l’image, 2011). Fidèle à la sentence inscrite à l’entrée de A la bonne bière, elle décide d’avancer et opère une première reconversion, en se tournant vers le monde de l’édition.

Un premier virage réussi, mais insuffisant pour gagner correctement sa vie

Marie-France intègre une société d’édition qui publie, chaque année, les bilans et comptes de résultat des entreprises françaises cotées au CAC 40. Comme chargée de projet, elle conçoit et met en page les documents financiers en anglais et en français des entreprises clientes, avant la publication (obligatoire) des données chiffrées. Ce métier est en phase avec ses compétences techniques et lui plait… Mais ce job est empreint d’une forte saisonnalité ! En effet, ce n’est qu’une fois par an que les entreprises françaises ne publient leur bilan. Moyennant quoi, Marie-France enchaine, pour cette même société, des CDD de quatre mois depuis presque 5 années. Sans réelle perspective de voir les choses changer ! Bien qu’épanouie et performante dans ce job, Marie-France en subit la saisonnalité et ne parvient difficilement à combler les trop nombreux creux qu’il lui laisse dans le calendrier.

Elle s’essaye à différentes missions ponctuelles : elle est assistante de production dans le booking, dans l’audiovisuel, dans le commercial… Elle se lance aussi dans la rédaction web, mais subi des critiques qui, au lieu de l’encourager, aggravent le mal-être et le manque de confiance, dont elle peine à se défaire depuis 2015.

Sept ans après le drame, avancer, avancer toujours

2022 est l’année du sursaut : Marie-France décide de rebattre les cartes de sa vie ! Elle décide de déménager pour un logement plus grand. Elle a besoin de revenus plus importants et fixes, et décide d’en arrêter avec la précarité. Elle DOIT trouver un job qui à la fois, lui plaise et soit pérenne…

Il n’en faut pas plus pour la décider de reprendre un nouveau parcours de formation. La quadragénaire opte pour une niche, cependant riche en débouchés et qui lui ressemble tellement : ce sera un « Bachelor Expertise Sport Fashion & Lifestyle ». Elle ambitionne d’intégrer la Cursus Sport Business Management : expertise sport fashion lifestyle.

Bien que ne disposant pas des fonds nécessaires, elle ne baisse pas les bras. Elle s’apprête à solliciter l’appui financier de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Cet établissement public national sous la tutelle du ministère des Armées qui accompagne, depuis 1916, les combattants, victimes de conflits, veuves et victimes d’acte terroristes. Il a vocation à ; notamment – faciliter l’accès ; ou le retour à l’emploi, des victimes de terrorisme. Il sera souhaitons-le ; le Sesam de Marie-France pour une nouvelle vie. Sa démarche est un bel acte de résilience et les succès qui l’attendent, seront à n’en point douter, une jolie revanche sur la vie.

Nous lui souhaitons un plein succès dans cette aventure.