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Témoignage : Cathy, sexagénaire multi-reconvertie !

Cathy multireconversion

S’il est des personnalités que le principe de la reconversion professionnelle a tendance à apeurer ; il en est d’autres que le challenge stimule, et qui n’hésitent pas à renouveler l’expérience plusieurs fois durant leur carrière. Ces trajectoires singulières commencent à être observées avec de plus en plus d’intérêt par les recruteurs, pour qui une carrière non linéaire, n’est plus une marque d’instabilité, mais plutôt d’audace et de créativité.  

Cathy est accro à la reconversion professionnelle ! Après avoir connu le monde de l’entreprise, elle a intégré celui de l’éducation nationale ; et s’apprête maintenant à rejoindre celui de l’entrepreneuriat. Questions réponses à une serial reconvertie !

Tu as été commerciale, puis enseignante, gestionnaire d’un gite, et tu t’apprêtes à devenir écrivain public à ton compte… Pourquoi ces différents virages, quels ont été tes déclics successifs ? 

« Adolescente, je souhaitais devenir interprète. Autant dire que je n’ai jamais atteint cet objectif. Mais je ne le regrette pas. Je déplore néanmoins le fait de ne jamais avoir été accompagnée durant mes années lycées. De l’élève brillante au collège, j’ai basculé au lycée dans le clan des médiocres sans comprendre réellement ce qu’il m’arrivait. J’ai peu à peu perdu confiance en moi à cause de l’étiquette qui m’avait été attribuée par mes professeurs et le manque de soutien de mes parents. On m’a fait redoubler ma seconde, non pas que mes notes étaient désastreuses, mais ils avaient jugé que mon niveau moyen nécessitait de refaire une année. Pas moi ! J’ai vécu ce redoublement comme un échec, qui m’a profondément déstabilisée et a fini par me convaincre d’abandonner mes rêves. Je n’aurais jamais dû redoubler cette classe. Mieux écoutée et épaulée, j’aurais ainsi pu améliorer mes résultats car j’étais une sacrée bosseuse. Mais quand l’image de soi se dégrade, on perd la motivation.

Ainsi, après mon bac, rebutée par les études, j’ai décidé d’arrêter ; et je suis entrée dans le monde du travail. Mais je me suis vite ennuyée et ai eu l’impression de « me gâcher ». J’ai donc repris des études, passé un BTS force de vente et ai obtenu un poste administratif en entreprise.

À la naissance de mon quatrième enfant. J’ai souhaité avoir une activité professionnelle plus en adéquation avec leurs horaires d’écoliers et ai donc changé de voie pour entrer dans l’éducation nationale. 20 ans plus tard, fatiguée par le monde de l’enseignement et à l’aube de ma retraite, j’ai décidé, de nouveau, d’entamer une nouvelle reconversion professionnelle, pour exercer une profession libérale ; sans supérieur hiérarchique, ni contrainte de lieu ou d’horaires… »

Quels chemins as-tu suivi pour donner corps à ces différents projets ? 

« J’aime apprendre et retourner sur les bancs de l’école. Je suis avide de nouvelles connaissances. J’ai commencé par reprendre des cours par correspondance en secrétariat via le CNED, durant mon congé maternité. J’ai ensuite véritablement harcelé l’ANPE (pôle emploi de l’époque) pour tenter de me décrocher des formations en comptabilité, gestion, secrétariat et informatique. Je faisais le pilier dans l’agence de mon quartier pour essayer de croiser les responsables de la formation qui me guideraient vers mes objectifs. J’ai obtenu gain de cause. Peut-être par ma détermination ou leur désir de se débarrasser de moi. J’ai fait trois formations complètes : secrétariat, informatique et pour finir secrétariat bilingue avec immersion en Angleterre.

Puis j’ai obtenu des postes de secrétaire, assistante, puis assistante de direction. … Mais au bout de quelques années, servir le café et arroser les plantes commençaient à m’ennuyer !

J’ai appris qu’un organisme de formation recrutait pour un BTS force de vente. J’ai réussi les tests et je l’ai intégré en alternance durant deux ans. J’ai obtenu mon diplôme. Puis j’ai obtenu un poste dans une entreprise où j’avais en charge la distribution de consommables informatiques.

Après la naissance de mon quatrième enfant, j’ai fait un bilan de compétences durant lequel j’ai découvert le monde de l’enseignement. J’ai donc préparé le concours par le CNED durant mon année de congé parental. J’ai été reçue en liste principale, j’ai suivi une année de formation à l’IUFM et j’ai obtenu mon premier poste, enrichissant au passage mes connaissances et ma culture générale. »

Où en es-tu à date ?

« Je suis à l’aube de la retraite. J’ai hâte de quitter le monde de l’enseignement qui a beaucoup changé en 20 ans et qui ne me correspond plus du tout. Je suis fatiguée de mon environnement de classe de plus en plus bruyant, des injonctions de l’administration et de la gestion de la relation avec les parents d’élèves. J’aspire à d’autres ouvertures, mais mon désir de découverte, de me former ne m’a jamais quitté. J’aime écrire, coucher sur le papier des histoires, je m’intéresse à la condition humaine, aux expériences de vie. Quand j’ai entendu parler de la licence écrivain public, cela a suscité un grand enthousiasme, un nouveau désir de me remettre en question et de me former. Cette licence tombait au bon moment. Je ne conçois pas d’arrêter toute activité à 62 ans. Cela m’effraie de ne plus avoir d’objectifs professionnels et de me résigner à ne plus rien faire durant la dernière période de ma vie.

J’ai entamé cette formation de Licence Pro Écrivain Public / Biographe à la Sorbonne ; avec passion et enthousiasme. Fraichement diplômée, je suis maintenant impatiente de m’installer tant qu’indépendante mais je suis encore dans une période de transition. Il me reste une année et demie d’école à terminer. Entre-temps, j’ai également ouvert un gite, en Seine-et-Marne, et accueille avec bonheur, les hôtes, pour la plupart en visite à Disneyland. »

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui hésite à franchir le cap de la reconversion ? 

« Foncez ! Il existe aujourd’hui de nombreux moyens de se former, d’évoluer dans son activité, de changer de métier. Des opportunités existent dans toutes les corporations. Mes différents parcours professionnels m’ont aidée à grandir, à mieux m’épanouir, à gagner en confiance. Découvrir de nouveaux horizons, d’autres métiers, est passionnant et enrichissant au niveau personnel, culturel et professionnel.  Je trouve ennuyeux de se conforter toute une vie dans une seule activité professionnelle, de répéter sans cesse les mêmes actions et de poursuivre même si la lassitude se fait sentir.

Il ne faut jamais hésiter à se remettre en question, à s’orienter vers ce qui nous intéresse, vers nos passions, pour trouver le moyen de continuer à s’épanouir dans le monde du travail, et cela, quel que soit notre âge et notre niveau d’études… »